Armand Jean du Plessis de Richelieu, cardinal, duc et pair de France, ministre de Louis XIII. Né à Paris le 9 septembre 1585, il meurt le 4 décembre 1642. Initialement destiné au métier des armes, il est contraint de rentrer dans les ordres afin de conserver à sa famille le bénéfice de l'évêché de Luçon. Il devient secrétaire d'État en 1616 puis cardinal en 1622 et principal ministre de Louis XIII en 1624. Il reste en fonction jusqu'à sa mort, en 1642 ; le cardinal Jules Mazarin lui succède. La fonction exercée par Richelieu auprès de Louis XIII est souvent désignée par le qualificatif de premier ministre, alors que le titre n'existe pas à l'époque. Dans le grand théâtre du Puy du Fou, une place d'honneur est réservée au Cardinal de Richelieu. Dans le grand couloir menant vers la grande salle, un tableau de Henri-Paul Motte représentant le siège de La Rochelle. Mais, que nous rappel ce tableau ??? Parmi les facteurs de troubles à l'intérieur du royaume de France, les protestants tiennent une bonne place selon Louis XIII et Richelieu. Ces derniers décident donc de faire le siège de la ville afin d'infliger une défaite aux Huguenots et de détruire le pouvoir politique des protestants. Grâce à des moyens importants, avec notamment la construction d'une digue limitant le passage des navires vers la ville, et malgré la résistance des habitants, La Rochelle tombera, affamée, quinze mois plus tard. Après plus d'un an de siège, La Rochelle, ravagée par la famine, capitule devant le roi de France. Richelieu exige la reddition des protestants sans condition. Il entrera dans la ville le lendemain. Le siège qui a débuté le 10 aout 1627, entrainera la mort de 19 000 Rochelais. En mémoire de cet évènement, l'entrée du port de La Rochelle est matérialisée par la bouée Richelieu.
Qui est le cardinal de Richelieu ? Le cardinal de Richelieu, figure emblématique de l'histoire de France, a façonné le destin du royaume au XVIIe siècle par son génie politique et sa vision d'un État centralisé. Armand Jean du Plessis est le 9 septembre 1585, dans une famille de la noblesse poitevine d'extraction ancienne, mais de fortune modeste. Son père, François du Plessis, seigneur de Richelieu, occupait la charge prestigieuse de grand prévôt de France sous Henri III et Henri IV, assurant à la famille une position respectable à la cour, sans pour autant garantir une aisance financière considérable. Initialement destiné à une carrière militaire comme il convenait au cadet d'une famille noble, le jeune Armand voit son destin basculer après la mort de son frère aîné. Il abandonne alors le titre de marquis de Chillou et s'oriente vers l'Église, un choix stratégique pour préserver le bénéfice épiscopal familial. Après des études brillantes au Collège de Navarre puis à l'académie militaire, il poursuit sa formation théologique à la Sorbonne. Ordonné prêtre en 1607, son ascension dans la hiérarchie ecclésiastique est fulgurante. À seulement 22 ans, il est nommé évêque de Luçon, un diocèse modeste du Poitou, nécessitant une dispense spéciale du pape Paul V en raison de son jeune âge. Cette nomination, préservant un bénéfice ecclésiastique familial, marque le début d'une carrière ecclésiastique exceptionnelle. Dans son diocèse, Richelieu se révèle un administrateur compétent et un réformateur zélé. Il met en œuvre les principes du Concile de Trente, réformant le clergé local, restaurant la discipline ecclésiastique et combattant l'influence protestante dans sa région. Ces actions témoignent déjà de sa rigueur et de sa détermination, qualités qui caractériseront toute sa carrière. La consécration ecclésiastique arrive en 1622, lorsque le pape Grégoire XV le crée cardinal, lui conférant la pourpre cardinalice qui deviendra indissociable de son image. Ce titre prestigieux renforce considérablement son autorité et son influence, tant dans les affaires de l'Église que dans les cercles politiques. C'est à cette époque qu'il commence à être désigné comme "l'Éminence Rouge", surnom faisant référence à sa dignité cardinalice et à la couleur écarlate de sa soutane. 1585 : Naissance d'Armand Jean du Plessis dans une famille de noblesse modeste 1607 : Ordination sacerdotale après des études brillantes à la Sorbonne 1608 : Consécration comme évêque de Luçon à l'âge de 22 ans avec dispense papale 1614-1615 : Participation aux États généraux où il se fait remarquer par son éloquence 1622 : Élévation au rang de cardinal par le pape Grégoire XV Rôle politique et actions comme ministre principal L'ascension politique de Richelieu commence véritablement en 1616, lorsqu'il est nommé secrétaire d'État aux Affaires étrangères et à la Guerre, grâce à l'influence de Marie de Médicis, régente du royaume pendant la minorité de Louis XIII. Cette première expérience ministérielle, quoique brève, lui permet de démontrer ses talents diplomatiques et sa vision politique. Après une période d'éloignement de la cour, Richelieu fait un retour triomphal en 1624, lorsque Louis XIII le nomme principal ministre du royaume. Cette nomination marque le début d'une nouvelle ère dans l'histoire politique française. Pendant dix-huit ans, jusqu'à sa mort en 1642, il dirige le gouvernement avec une autorité sans précédent, établissant de facto la fonction de Premier ministre, bien que ce titre n'existe pas encore officiellement. Affermissement du pouvoir royal Richelieu poursuit systématiquement une politique d'affermissement de l'autorité monarchique. Il combat les privilèges excessifs de la noblesse, réprime les conspirations et neutralise les factions qui menacent l'unité du royaume. Par une série d'édits et d'actions militaires, il impose progressivement la suprématie du pouvoir central sur les intérêts particuliers. La Journée des Dupes L'épisode le plus dramatique de sa carrière survient le 11 novembre 1630, lors de la célèbre "Journée des Dupes". Marie de Médicis, devenue hostile à son ancien protégé, tente de le faire disgracier par le roi. Après une journée de tensions et d'intrigues, Louis XIII choisit finalement de maintenir sa confiance en Richelieu, scellant définitivement l'alliance entre le roi et son ministre contre les factions aristocratiques. Système de gouvernance Richelieu innove en matière d'administration en instaurant un système d'intendants, représentants directs du pouvoir royal dans les provinces. Ces agents, choisis principalement parmi la bourgeoisie et entièrement dévoués à la couronne, contournent les structures traditionnelles dominées par la noblesse et assurent l'application uniforme des décisions royales sur tout le territoire. L'habileté politique de Richelieu se manifeste également dans sa gestion des affaires du royaume. Il met en place un conseil restreint, le "Conseil d'En-Haut", où sont prises les décisions essentielles concernant le royaume. Cette institution, composée du roi et de quelques ministres de confiance, devient l'organe central du gouvernement, marginalisant les autres instances traditionnelles comme le Conseil d'État. À sa mort le 4 décembre 1642, Richelieu désigne comme successeur le cardinal Mazarin, assurant ainsi une continuité dans la politique qu'il a initiée. Son legs politique est immense. Il a transformé la monarchie française d'un système féodal décentralisé en un État moderne, centralisé et puissant, préfigurant l'absolutisme qui atteindra son apogée sous Louis XIV. Politique intérieure et extérieure Politique intérieure La politique intérieure de Richelieu est dominée par deux objectifs majeurs : la centralisation du pouvoir royal et l'affaiblissement des forces centrifuges qui menacent l'unité du royaume. À son arrivée au pouvoir, la France est encore profondément marquée par les Guerres de Religion qui ont déchiré le pays pendant près d'un demi-siècle. Si l'Édit de Nantes (1598) a officiellement mis fin au conflit, les tensions confessionnelles demeurent vives. Richelieu, bien que cardinal de l'Église catholique, adopte une approche pragmatique face à la question protestante. Il distingue clairement la dimension religieuse de la dimension politique. S'il tolère la liberté de culte accordée aux huguenots, il combat en revanche leur organisation politico-militaire qui constitue un "État dans l'État". Le siège de La Rochelle (1627-1628) illustre parfaitement cette politique. Après un blocus de treize mois, la cité protestante rebelle capitule, perdant ses privilèges militaires tout en conservant sa liberté religieuse. Parallèlement, Richelieu s'attaque aux privilèges de la haute noblesse qui défie régulièrement l'autorité royale. Il fait raser les forteresses féodales intérieures, interdit les duels (pratique qui décime l'aristocratie), et réprime impitoyablement les conspirations nobiliaires. Les exécutions du maréchal de Marillac et du duc de Montmorency témoignent de sa détermination à briser toute résistance à la centralisation du pouvoir. Sur le plan administratif, Richelieu modernise l'appareil d'État en développant le système des intendants, fonctionnaires nommés directement par le roi pour administrer les provinces. Cette innovation capitale permet de contourner les gouverneurs traditionnels issus de la noblesse et d'imposer l'autorité royale jusque dans les provinces les plus éloignées. Politique extérieure Affaiblissement des Habsbourg L'objectif principal de Richelieu en politique étrangère est de briser l'encerclement de la France par les possessions des Habsbourg (Espagne et Empire). Cette "prépondérance espagnole" constitue une menace existentielle pour le royaume. Intervention dans la Guerre de Trente Ans Richelieu engage la France dans la Guerre de Trente Ans (1618-1648), d'abord indirectement par des subsides aux adversaires des Habsbourg, puis directement à partir de 1635 avec une déclaration de guerre à l'Espagne. Alliances stratégiques Dans cette lutte, il n'hésite pas à s'allier avec des puissances protestantes (Suède, princes allemands, Provinces-Unies) malgré sa qualité de cardinal, illustrant sa célèbre maxime : " L'intérêt de l'État prime sur le salut de l'âme" . Cette politique "d'État" plutôt que de "Religion" suscite des critiques virulentes, mais Richelieu reste inflexible. Il pose ainsi les bases de la diplomatie moderne fondée sur les intérêts nationaux plutôt que sur les considérations religieuses ou dynastiques. Richelieu s'intéresse également à l'expansion coloniale française. Il crée en 1627 la Compagnie des Cent-Associés pour développer la Nouvelle-France (Canada), encourage l'implantation française dans les Caraïbes et soutient les missions commerciales en Afrique et en Asie. Cette vision globale témoigne de sa compréhension des nouveaux enjeux géopolitiques liés à la mondialisation naissante. Sous son impulsion, la France commence à se doter d'une marine de guerre permanente, indispensable pour protéger ses côtes et ses intérêts coloniaux. Les arsenaux de Brest et de Toulon sont développés, et des ordonnances réglementent l'organisation navale, posant les fondements de la puissance maritime française qui s'épanouira sous Colbert. Héritage et influence culturelle L'héritage de Richelieu dépasse largement le cadre politique pour s'étendre au domaine culturel, où son influence a été décisive et durable. Homme de lettres accompli, auteur de traités théologiques et politiques, le cardinal était profondément convaincu que la grandeur d'un État se mesure autant à son rayonnement intellectuel qu'à sa puissance militaire ou économique. L'Académie française Sa création la plus emblématique demeure l'Académie française, fondée en 1635. Cette institution, qui existe toujours aujourd'hui, avait pour mission originelle de fixer les règles du langage et de promouvoir la pureté de la langue française. En officialisant et en plaçant sous protection royale ce qui n'était au départ qu'un cercle informel d'écrivains, Richelieu fait de la langue un instrument de l'unité nationale et du prestige international de la France. Mécénat et arts Grand mécène, Richelieu patronne de nombreux artistes, écrivains et savants. Il fait construire le Palais-Cardinal (futur Palais-Royal), doté d'une galerie de tableaux et d'un théâtre sont représentées les pièces des meilleurs dramaturges de l'époque. Il entretient des relations complexes, mais fécondes avec Corneille, et soutient l'émergence du classicisme français qui dominera la scène culturelle européenne pendant plus d'un siècle. Réforme éducative Le cardinal réforme également la Sorbonne, dont il devient proviseur en 1622. Il fait reconstruire les bâtiments de cette prestigieuse institution et y établit sa propre chapelle funéraire. Conscient de l'importance de l'éducation dans la formation des élites, il favorise le développement des collèges et encourage la diffusion du savoir. Au-delà de ces réalisations concrètes, Richelieu a profondément influencé la conception même de l'État et du pouvoir en France. Il théorise et met en pratique les principes de la "raison d'État", selon lesquels l'intérêt supérieur du royaume justifie tous les moyens employés pour le servir. Cette doctrine, exposée dans son "Testament politique" (publié posthumément), préfigure l'absolutisme de Louis XIV et influence durablement la pensée politique française. La figure de Richelieu a aussi marqué l'imaginaire collectif et la culture populaire. Dès le XVIIe siècle, sa personnalité complexe suscite des jugements contrastés. Admiré pour son génie politique, il est aussi craint et détesté pour sa rigueur implacable. Cette ambivalence se perpétue dans les représentations littéraires ultérieures, notamment dans "Les Trois Mousquetaires" d'Alexandre Dumas (1844), le cardinal apparaît comme un antagoniste machiavélique, mais doté d'une grandeur indéniable. Aujourd'hui, Richelieu demeure une référence incontournable dans la tradition politique française. Son nom reste associé à une conception forte de l'État, centralisé et interventionniste, qui a profondément marqué l'histoire de France. De nombreux lieux, établissements et navires portent son nom, témoignant de l'empreinte durable laissée par ce personnage hors du commun sur l'identité nationale française. Qu'on le considère comme un tyran cruel ou comme le fondateur de la France moderne, Richelieu demeure l'un des hommes d'État les plus remarquables de l'histoire européenne, dont l'héritage continue d'influencer les institutions et la pensée politique françaises plus de trois siècles et demi après sa disparition.